En quête de force et de vengeance, Rafystolen le Rôdeur sans âme interroge l'âbime du Miroir

[Rafystolen]

Il y a bien longtemps, le Concile des éléments à créer POHL pour éradiquer la menace des Vers. Pohl, un être parfait maîtrisant aussi bien la magie et les armes guerrières, une force Herculéenne dans un esprit sans faille, un être invincible, l'arme de guerre parfaite...
La mémoire de ces légendes reste intacte pour les nécromants. A de nombreuse reprises ils tentèrent de renouveler l'exploit... mais en vain. Depuis que la guerre des éléments à commencer, l'équilibre des forces est impossible à maintenir pour créer une forme de vie stable. Ainsi, je suis le seul survivant de ces expérimentations malsaines, un être sans âme au croisement des espèces, une chimère sans identité, créer de tout et ne menant à rien. Je suis Rafystolen le Rôdeur sans âme.
...
Voilà des siècles que je parcours le monde à la recherche d'identité. J'ai voulu m'installer paisiblement dans une vie sans trouble à rêver d'un quotidien de gens aimants et de rire d'enfants. Ils sont venus prendre leur due dans le sang et les flammes.
"Ton corps ne t'appartient pas, tu n'est qu'une expérience ratée que nous nous devons de supprimer." Voilà qui marqua mon destin du sceau de la vengeance et de la destruction.
Laissé pour mort au fond d'un gouffre sans fin, le sang de Pohl de la lignée des Phoenix me donna la force de renaître de la Terre !
Oui, voilà des siècles que je parcours le monde à la recherche d'identité. Seulement aujourd'hui mon destin m'attire irrémédiablement dans les profondeurs de la nuit, de mon âme, des entrailles des montagnes. On me parle de leurs forces, on me parle des dangers, mais je connais déjà la noirceur qui embaume encore leurs coeurs... enfin me voilà devant mon reflet, je suis à l'antre de l'Au Delà...

[Selene]

Nuit agitée. Je peine à trouver le sommeil, perturbée par de sombres pensées tourbillonnants dans mon esprit.. un brin de nostalgie, rêve d'un oiseau de flamme venu de l'ovoïde parfait..
Une odeur de terre, de frais humus viens taquiner mes narines. Je fronce les sourcils, une présence? pourtant nulle aura ne vient frôler mes sens...

Curieuse et passablement irritée de cette nouvelle perturbation, je quitte mon repaire et me dirige vers la salle des miroirs. A travers, je distingue une forme, un rodeur aux couleurs de Fimine... Pourtant, une étrange sensation de colère émane de lui, sans vraiment qu'il ait une aura reconnaissable.

- Que vient tu faire ici étranger? Sache que nous sommes prompt à éradiquer les importuns, un faux pas et tu ira rejoindre tes prédécesseurs... Maintenant parle!

[Rafystolen]

Voilà un moment que je suis posté devant mon reflet, à voir cet homme sans âge au regard vert autrefois si lumineux. Il me semble si étranger... et pourtant je connais l'histoire de chaques cicatrices qui ornent ce visage bruni par l'ardent soleil du désert. Celles qui ont protégées sa famille ses terres et son troupeau, celles qui l'ont vengées des nécromants, et d'autres de sa vie de rôdeur, d'homme en déroute: un criminel. Je me souviens de ses batailles, de ses courses, ses échappées, ses traques à se cacher sous terre tel un vers. Et de son amie, la seule qui l'accompagne chaque jour de sa longue vie, la Solitude. Je me souviens des jours où la Rancœur et la Haine venaient nous rejoindre...

Une voix me détourne de ma méditation. Le reflet s'assombri devant une silhouette. J'ai bien compris ce qu'elle m'a dit, mais d'abord je la contemple et garde le silence; qui sait, c'est peut-être la Mort ?

-Un ..."faux pas" ? Mon chemin jusqu'ici n'est qu'une succession de faux pas. Je n'est jamais trouvé le chemin de la paix, j'ai vu tant de gens arpenter ce chemin sans succès. Je n'attends plus rien de ce monde. Les hommes et leurs rêves de pouvoir ont détruits mon existence. La Vie m'a imposée la Mort. Si la Mort aujourd'hui voulait m'embrasser dans sa douce couette d'oublie, je lui tendrai les bras en souriant.
Je me lève devant ce reflet. Je tends les bras et souris. Le reflet fait de même et grimace dans un rictus; ce ne doit pas être dans ses habitudes de sourire.
-Je n'ai plus peur de la mort. J'ai vécu assez longtemps pour souffrir des peines que pansent ce monde en ruine. Et c'est pourquoi je suis ici. Etre accepté ou non m'est égal: ce sera une délivrance. La Mort m'enverra au repos, l'Au-delà extirpera mes remords à tuer. Car enfin je sais pourquoi je dois tuer: Je dois être une force à combattre, pour que le monde s'unisse contre mes maux. Et qui d'autre que l'Au-Delà peut m'aider en cela. Le monde combat déjà l'Au-Delà: ils ont encore peur de la Mort, peur de l'après, peur de savoir, peur de trop savoir; et alors ils ne comprennent pas ce qu'est la Vie, pourquoi souhaitent-t-ils tant cette vie ? Je veux être leur réponse.

Debout devant ce miroir d'eau, je ressens enfin quelque chose de l'Au-Delà. Une sombre et puissante aura semble me dévorer, me scruter, me jauger. Je m'y attendais. J'ouvre grand les yeux et les bras pour accueillir cette vague maléfique. C'est chaud... est-ce ça la Mort ?

[Selene]

J'écoutais son discours sans ciller, même si je l'écoutais avec grand intérêt. Chaque phrase faisait croître mon intérêt pour ce rodeur. Déçu par la vie, tourmenté par mille maux, il cherche la rédemption en empruntant une voie contradictoire. Mais un soupçon d'idéal persiste. Il semble rechercher sa voie pour l'humanité...
Et pourtant, qui parmi nous, malgré nos ambitions affichées, qui peut affirmé avoir renié toutes ses anciennes croyances? Qui peut dire qu'il ne lui reste plus une once d'idéaux et qu'il ne veut plus de place dans les forces qui régissent ce monde.. C'est là tout le paradoxe de l'Au-Delà.
Et c'est ce qui en faisait un candidat potentiel...

- Être de souffrance, ta venue chez nous n'apaisera guère ta conscience.. Il te faudrait t'en dépouiller pour t'affranchir définitivement. mais sache qu'il en restera toujours une trace.. Prend garde également, à tes paroles, il semble que tu compte servir une voie bénéfique en usant du Mal et en te sacrifiant... qui sait ce que ça pourrait donner, mais tu ne serait pas le premier à essayer, ni le dernier sans doute.
Enfin, sache que la Mort est plus douce que la Vie en fin de compte, mais elle peut être un éternel recommencement si Fimine t'accorde la possibilité de revenir hanter ces Terres...

D'un geste de la main, je découvre le voile séparant le Miroir de son reflet, dévoilant ma silhouette encapuchonnée à notre hôte. Ma main s'avance lentement vers lui, paume ouverte vers le ciel, deux mots murmurés et une étrange chaleur l'envahit, l'englobe, le sonde. Ma bulle de protection fait effet, tandis que je souris doucement.

-Vois-tu, j'use pour ma part de magie blanche, et de soin pour servir le Mal et mon propre intérêt. Nous avons tous notre part de paradoxe..

J'enchainais directement:

- Alors, souhaite-tu toujours nous rejoindre?

[Rafystolen]

J'écoute sa voix. C'est une femme des arcanes. La voix claire et intelligible, qui semble faire l'écho des cavernes telluriques. Ses mots sont emprunts d'une puissante magie. Elle me dénoue l'estomac de sa compréhension, et cependant m'allourdie le coeur de sa justesse: les contradictions de mon corps sans âme me pesseront à jamais tant que Fimine et Pohl seront de mon sang.

Le fil noir du Miroir se brise devant une main aussi blanche et légère qu'un cirrus. Je me sens écrasé par sa puissance tandis que sa magie fait effet. Je peine à rester conscient. Ainsi donc, leurs pouvoirs ne sont pas que des mythes... Et dire qu'ils daignent m'entendre ! Ma vision se brouille, je lutte pour apercevoir ses yeux bleu gris d'un regard dur d’expérience: celui de ceux qui ont vus les étoiles mourir et qui n’oublieront plus. Les traits fins de son visage sont encadrés par la capuche d'une longue robe fine incrustée d’Émeraude formant des runes d'un temps oublié par les hommes.

Elle me sourit, cela fait longtemps que je n'avait pas vu le sourire franc d'un si gracieux visage. Je m'efforce de comprendre ses derniers mots. Prenant conscience de mon corps tombé à genou, je me relève péniblement le plus décemment possible. Je découd le noeud de mon arc noir au reflet de sang au travers de mon dos et le place sur mes paumes tendues vers Eolia. Je prends une profonde respiration, pensant que c'est sans doute la dernière, et réponds.


-Avant de venir, j'ai taillé cet arc dans le coeur de mon arbre favoris. On le nommais Soliniel l'ébénier rouge. Il est aujourd'hui mon bras armé, symbole de ma détermination. Plus que jamais, je le place à vos service dans l'espoir que mes traits figeront les corps des damnés aveuglés de combattre dans la dichotomie du Bien et du Mal... Je leur rendrai la vue !

Je pensais être calme tout en énonçant ma dernière volonté, j'entends cependant revenir l'écho de ma voix exalté criant les derniers mots depuis l'antre de l'Au-Delà. Pour sûr, ils ont tous entendus...

[Selene]

Il n'est guère puissant, je pourrai l'envoyer valser comme un vulgaire pantin si l'envie m'en prenait. Mais quelque chose me retient et me coupe toute envie de cruauté envers lui. Curiosité ou compassion? Peut-être un peu des deux..
Même ma magie de soin est trop puissante pour son corps. Il est vaillant, résiste et chois finalement sur ses genoux quand bien d'autres auraient perdus connaissance.

Il se relève et n'en perd aucune fierté. Voilà une apparence qui sied à un représentant de l'autre monde. Un bon point pour lui.
Je le laisse s'exprimer, observe son attitude, le moindre de ses mouvements trahit ses intimes pensées. Le regard impassible, je l'observe aussi bien comme un prédateur traque sa proie que comme une tigresse bienveillante surveille son petit. Subtil mélange des deux...

C'est avec la force de son coeur et de ses désirs les plus chers qu'il réitère finalement sa volonté. Un fléau pour le bien de l'humanité. Peut-être est-ce ce que nous sommes.. Ni Bien, Ni Mal, ni rien, juste la Vie comme elle est, avec ses bienfaits et ses vicissitudes. Cette Vie que nous prenons pour nous prouver que nous sommes bien vivants. Pour exister et y laisser une trace, marquer le monde de notre empreinte.. si éphémère..

Mon regard s'arrête sur son arc, interrompant le fil de mes pensées. Un beau bois sombre rougeatre, un arbre imprégné de l'Essence de Fimine sans nul doute. Perçant la surface du Miroir, j'approche ma main doucement et frôle à peine la surface du bois. J'aime à ressentir ce qu'il a a dire. Je perçois l'arbre qu'il fut et sa quête du ciel, sa quête de la vie comme tout être vivant.

- C'est une belle arme, elle saura te mener à la victoire si tu es capable d'en exploiter tout le potentiel. Lie ton esprit au sien, et vous formerez alors une force hors du commun.

Un léger sourire. Je perçois déjà les auras de mes compagnons, agités et dérangés par le vacarme. Leur humeur grincheuse n'est que rempart. Ils ont tout entendus et sont prêts à décider.

- Bien, l'Au-Delà t'as écouté, jeune archer de Fimine. Je vais laisser le soin à d'autres de te questionner plus avant s'ils le désirent. Pour ma part, j'ai eu réponse à toutes mes interrogations les plus essentielles..

Un dernier regard emprunt de gravité et je me détourne avec élégance, ma cape virevoltant autour de moi, faisant mine de m'éloigner sans restaurer l'opacité du Miroir. Il verra les autres s'ils se décident à venir l'interroger plus avant, ou s'il franchit la surface à ma suite, à ses risques et périls...

[Rafystolen]

Elle se recule et je l'observe s'éloigner à petit pas sa robe virevoltant autour de ses formes voluptueuses malgré l'absence de courants d'air. Comme elle est élégante avec les lumières du soir pénétrants l'antre du miroir, sa robe scintillant légèrement pour mes yeux avertis. Elle m'offre son dos pour cible et ça n'a pas l'air de la déranger, la magicienne m'a donc bien jaugé. Elle disparaît dans un couloir et enfin la pression retombe. Je replace mon arc et me rend compte que je suis en sueur: mon corps devait durement combattre son aura démoniaque; au contraire je dois m'en imprégner désormais...

Je me retourne. Contemplant les contreforts des montagnes désolés qui mène jusqu'ici. Avec un sourire, je regrette de ne pas voir un seul arbre en vie. On ne voit que des troncs morts abandonnés aux vents secs du désert de l'Est. Une brise fraîche s'est perdue près de mes narines, je l'inspire comme le sable efface une goutte d'eau.

Je suis prêt.

J'étais un homme qui cherchait des réponses. Franchissant le fil du miroir, je serai La Réponse qui pourchassera les Hommes.

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